Photovoltaïque : encourageons le Made in France !
Alors que l’entreprise Photowatt jusqu’à présent leader Français du photovoltaïque est en dépôt de bilan, d’autres acteurs de la filière tentent de remonter la pente en faisant certifier leurs savoir-faire.
C’est le cas de la société Cofam Energy, concepteur et revendeur-conseil de solutions d’intégration photovoltaïques qui ont récemment été labellisées « Origine France Garantie ». Dans cette démarche de qualité et de reconnaissance, Quelle Energie a interrogé son directeur Frédéric Rensonnet pour en connaître davantage sur ce label et les perspectives d’avenir de la filière sinistrée.
Quelle Energie : Pourquoi avez-vous décidé de faire certifier vos systèmes d’intégration par le label « Origine France Garantie »?
Frédéric Rensonnet : Nous avons fait ce choix car ce label assure à l’utilisateur la garantie d’une qualité « à la française ». Cette garantie nous permet de nous différencier des autres systèmes déjà existants sur le marché et de valoriser un savoir faire en concevant un système unique de fixation totalement conçu et fabriqué en France. C’est aussi devenir un pionnier en étant l’une des premières entreprises françaises à l’obtenir.
Qui gère ce label et quelle(s) différence(s) avec le label AQPV (Alliance Qualité Photovoltaïque) récemment annoncé ?
Le label est géré par l’association Pro France et est décerné par le Bureau Veritas, numéro un mondial de la certification. C’est un label récent puisqu’il est entré en phase de déploiement il y a tout juste deux mois. C’est également le cas pour le label AQPV créé cet été par le gouvernement « pour se rattraper » des dommages qu’ils ont causés à la filière en début d’année 2011 avec le moratoire. Mais ces deux labels sont différents en plusieurs points. Contrairement à « l’origine France Garantie », l’AQPV est uniquement limité à la certification des modules photovoltaïques. Il est d’autre part extrêmement complexe à obtenir alors que celui retenu par Cofam Energy répond à un cahier des charges simple et précis. Je peux vous donner un exemple concret : plus de 50 % de la valeur ajoutée doit être obtenu en France. Cependant, le gouvernement a fait preuve de bonne volonté en lançant le label AQPV et c’est une bonne idée pour promouvoir des produits de meilleure qualité et Français.
Quelle est la situation actuelle de la filière photovoltaïque et comment appréhender-vous l’avenir?
Je ne vous cache pas que la situation est difficile depuis le moratoire du début d’année. Il y a eu une tergiversation générale de la filière. Mais je ressens tout de même une amélioration de la visibilité ces derniers temps. L’intégration de panneaux est une niche qui est moins exposée aux aléas et à la concurrence et j’en suis un acteur essentiel. Pour ce qui est de l’avenir, je le vois positivement car il tend vers moins de nucléaire et donc un recours plus fort aux énergies renouvelables dont le photovoltaïque apparaît comme une solution sérieuse et mature.
Avec une concurrence de plus en plus forte sur le marché, l’innovation est-elle la clef pour conserver ses parts de marché, voir en gagner ?
C’est effectivement l’innovation qui nous fera gagner des parts de marché. Chez nous, l’innovation s’est traduite par un dépôt de brevet en 2010 et deux cette année.
Comment percevez-vous l’accueil de vos produits par le marché français ?
Nous sommes un acteur assez ancien donc nos produits jouissent d’une bonne reconnaissance et sont bien perçus d’autant plus que je suis un acteur local de la filière.
La Chine investit massivement dans la production de ces nouvelles technologies, pensez-vous qu’il soit possible en France de conserver durablement un avantage compétitif ?
Pour rester compétitif, il faut savoir adopter une marge plus raisonnable et cela fait d’ailleurs partie de notre choix stratégique. Il faut accepter de faire moins de marge pour servir son marché. Et grâce à ce choix, nous proposons un produit de qualité tout en assurant une proximité avec notre clientèle. Nous pouvons donc être réactif contrairement à nos concurrents qui vont mettre deux mois à réagir si le produit vient de Chine par exemple.
Pensez-vous que la politique gouvernementale française et Européenne encourage suffisamment le développement de ces énergies renouvelables ?
Le grenelle de l’environnement a été une bonne chose car il a aidé les filières du renouvelable à se développer. Contrairement à l’Allemagne qui a une grande expérience dans ce domaine, la filière française est nouvelle. Il existe une crainte de la part du gouvernement qui est non justifiée, il faut restaurer la filière. Elle était pourtant bien lancée il y a 3 ans mais il y a eu 15.000 licenciements depuis le début de l’année. Au niveau Européen, il serait bien entendu intéressant de créer un axe Franco-Allemand grâce à une politique Européenne commune.
Attendez-vous des changements suite aux présidentielles de 2012 ?
Oui, on compte sur une politique d’ouverture de la part du nouveau gouvernement qui sera en place après les élections. Nous sommes prêts à tourner une page et rouvrir les négociations. Il faudrait notamment revoir certaines réglementations trop contraignantes. Mais l’idéal serait de créer une politique Européenne du solaire afin de devenir leader et de ne plus subir la concurrence venue d’Asie.
« Nous pouvons exporter notre French Touch sur d’autres continents »
A moyen terme, comptez-vous exporter vos produits et votre savoir-faire en dehors de l’Europe et pourquoi pas vous développer dans des pays à forte croissance (Ex. BRIC : Brésil, Russie, Inde, Chine)?
Nous exportons déjà dans certains pays d’Europe mais aussi aux Etats-Unis où nous souhaitons nous développer rapidement. Il existe de l’autre côté de l’Atlantique des opportunités notamment dans l’état de Géorgie où des politiques courageuses en faveur des énergies renouvelables se multiplient. Nous avons un avantage technique et qualitatif par rapport à nos concurrents, nous pouvons ainsi apporter notre « French Touch ». Aux USA, très peu de systèmes sont intégrés aux bâtis car il n’existe pas encore de réglementation particulière mais cela est en train de changer.
Quelles seront vos prochaines innovations technologiques?
Nous devons déjà nous préparer à l’intégration de la nouvelle norme 2012 qui oblige d’installer les panneaux photovoltaïques à plus de 20 mm de hauteur par rapport à la charpente. Mais les innovations technologiques viennent davantage des panneaux qui sont toujours plus puissants et larges. Ils ont actuellement une puissance de 250 Watts alors qu’il y a encore 18 mois les panneaux étaient de 185 W. Nos solutions d’intégration doivent donc s’adapter à ces nouvelles caractéristiques techniques. Mais la prochaine grande évolution sera des panneaux sans cadre aluminium, donc de nouveaux kits d’intégration sont à prévoir.
S’adapter en permanence au marché si fluctuant du solaire est primordial, quelles sont selon-vous les autres capacités à développer pour perdurer ?
Comme je viens de l’illustrer, il faut être en veille permanente par rapport à la technique qui évolue constamment mais aussi être en phase avec la réglementation. L’autre capacité à développer est la flexibilité. Il faut savoir accompagner nos clients dans un environnement si changeant. D’ailleurs nos systèmes s’adaptent aux panneaux français mais aussi étrangers.
Quels conseils pouvez-vous donner à l’ensemble de la filière?
Il faut revitaliser le solaire en encourageant les entrepreneurs Français à relancer une véritable filière du photovoltaïque afin de créer des emplois et de pérenniser l’activité et d’en devenir leader au même titre que l’Allemagne. J’encourage les autres acteurs à s’engager dans une démarche de reconnaissance de qualité, que ce soit avec le label « Origine France Garantie » ou un autre.