La France en dette écologique depuis le 5 mai 2018
WWF France a réalisé un rapport avec l’aide de l’ONG Global Footprint Network qui calcule, tous les ans « le jour du dépassement« . Il s’agit de la date à laquelle l’empreinte écologique de l’Homme dépasse la capacité de la Terre à se régénérer et ainsi satisfaire la consommation annuelle de ressources. Le mode de calcul de cette date est parfois contesté.
L’étude révèle que la France a un train de vie deux fois supérieur à la moyenne internationale. Ainsi, si toute la planète vivait comme les français, il faudrait 2,9 terres pour que l’humanité subvienne à ses besoins. “Si le monde entier vivait comme les Français, l’humanité commencerait à creuser son déficit écologique dès le 5 mai. Soit trois mois avant la date du Jour du dépassement planétaire qui est tombée début août en 2017”, précise le rapport de WWF.
Le jour du dépassement écologique, c’est quoi?
Le Jour du dépassement écologique est calculé chaque année par l’ONG américaine Global Footprint Network depuis 1986 . Cette date de l’année correspond au jour « à partir duquel l’humanité a consommé l’ensemble du budget annuel mondial disponible en ressources naturelles » (au regard de « la capacité régénératrice » de la Terre).
Le calcul est basé sur 6 grandes catégories (cultures, pâturage, zones de pêches, produits forestiers, espaces bâtis, carbone). Elle se concentre sur les surfaces terrestres et maritimes nécessaires aux consommations humaines mais ne prend pas en compte toute les conséquences, notamment en matière de pollution.
A échelle mondiale, le Jour du dépassement écologique était évalué au 2 août en 2017, contre fin septembre en 1997. Le WWF tente d’avertir à propos de l’érosion du « capital naturel » de la planète au travers d’exemples concrets : diminution des stocks de poissons, sécheresses, perte de la biodiversité, etc.
La consommation énergétique mondiale a augmenté de 40% depuis 2000, et WWF corrèle principalement la dégradation de l’empreinte écologique de la France à « la baisse du prix du pétrole qui dope la consommation de carburants ». L’empreinte carbone de la France liée à la combustion d’énergies fossiles et à la production de ciment compterait au total pour 56% de l’empreinte écologique française calculée par Global Footprint Context.
Le WWF appelle ainsi entre autres à réduire les émissions de gaz à effet de serre des transports et des bâtiments (en accélérant le rythme des rénovations lourdes). Il promeut notamment l’usage du vélo comme « mode de transport de masse » et la mise en place de davantage de zones à circulation restreinte (limitées aux véhicules à basses émissions).
Des perspectives positives
« 2/3 de l’empreinte écologique d’un Français proviennent de l’alimentation, les dépenses en énergie du logement et des déplacements« , affirme WWF. L’association a démontré qu’un ménage de 4 personnes (2 adultes et 2 enfants) pouvait diminuer de 38 % les émissions de CO2 de son alimentation sans dépenser un euro de plus et ce, uniquement en passant à une consommation composée de 50 % de produits biologiques.
WWF appelle au soutien d’un mode de consommation responsable et montre dans un rapport que 67% des français se disent prêts à réduire leur consommation de viande. « L’empreinte carbone d’un individu peut être réduite de 51% pour un régime végétarien par rapport à celle de l’alimentation moyenne d’un Français” indique le rapport.
L’ONG demande également au gouvernement d’encourager les modes de production agricole peu émetteurs comme l’agriculture biologique, notamment grâce à la Politique Agricole Commun (PAC).
Enfin, WWF exige la mise en place d’une stratégie de lutte contre la déforestation.
Émissions de gaz de serre et « budgets carbone » de la France (©Connaissance des Énergies, d’après ministère de la transition écologique et solidaire)