Paris en 2100
Parfaitement conscients des bouleversements majeurs que risque d’engendrer un réchauffement climatique insuffisamment contenu, les plus pessimistes imaginent déjà une capitale française traversée par une Seine asséchée et des rues baignées de soleil en toute saison. Le collectif parisien d’architectes Et alors table quant à lui sur une hausse des températures tout juste acceptable pour l’Homme et les espèces animales et végétales de 2°C d’ici au XXIIe siècle.
La plupart des expertises récentes concluent à une augmentation plus élevée, mais rien n’empêche, même s’il faut bien admettre que la lutte internationale contre l’augmentation des températures prend une triste tournure, d’envisager un futur (un peu) moins orwellien que celui que nous prédit une partie du microcosme scientifique. Cécile Leroux, l’une des membres d’Et alors, fait par ailleurs valoir que le collectif « a étudié les scénarios de réchauffement du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) et (a formulé) une hypothèse qui, si elle n’est pas validée scientifiquement, s’inscrit dans les fourchettes établies par le groupe ».
Aussi Paris pourrait-elle ne pas devenir la cousine bleu-blanc-rouge de Dubaï mais plutôt une métropole entièrement colonisée par les modes de transports doux, les différentes municipalités étant peu à peu parvenues à exclure les gaz d’échappement de ses frontières.
Des éoliennes, des potagers et des toits végétalisés dans une ville où il fait mieux vivre
Il y aurait aussi, juchées sur les toits des indestructibles immeubles haussmanniens, des récupérateurs d’eau et des éoliennes – lesquelles surplomberaient en outre les gares de Lyon et de Bercy (XIIe arrondissement). Dans la mesure où deux petites turbines ont investi celui de la Maison de l’Air (XXe arrondissement) le 1er avril dernier, il n’est pas interdit d’y croire.
Les préceptes du développement durable ayant triomphé dans l’esprit de tous, élus de tout bord politique y compris, des toits végétalisés similaires à ceux que l’on voit déjà à Copenhague ont damé le pion à leurs aînés mal isolés en zinc et en ardoise. Les jardins à étage se sont également généralisés, achevant de faire de la Ville Lumière une ville « verte » dans tous les sens du terme. Dans le même genre les potagers et autres fermes connectées aux réseaux ferrés et fluviaux sont devenus monnaie courante dans l’est parisien.
Le boulevard périphérique dédiabolisé
Quant au boulevard périphérique, il n’est plus cet anneau bouchonné et irrespirable détesté de tous les Franciliens et craint par les provinciaux mais un parc circulaire aux multiples fonctions qui rattache Paris à sa banlieue, en plus d’offrir une place de choix à des moyens de transport plus « propres ». Autre transformation majeure, celle des berges de la Seine, sur lesquelles ont été installées de grandes promenades superposées. Les vertus souterraines de la capitale sont enfin beaucoup mieux exploitées, en particulier sous l’Hôtel de Ville (IVe arrondissement), et de nombreuses rues, dans le IIIe arrondissement notamment, offrent désormais au passant la possibilité d’étancher sa soif dans des oasis urbaines.
La chaleur accrue a justifié ces aménagements au demeurant très esthétiques, illustrés sur vingt cartes postales géantes qui ont toutes été agrémentées d’un texte explicatif et que les visiteurs ont pu visualiser dans le parc de Bercy (XIIe arrondissement) à l’occasion de la troisième édition des Journées Parisiennes de l’Énergie et du Climat. Saisissantes, elles seront visibles jusqu’en décembre 2010 et donnent une idée très précise de ce que pourrait être le Paris du futur. De ce que doit être le Paris du futur.
Parc de Bercy
1, rue François Truffaut
75 012 PARIS
Métro Lignes 6 (Bercy) et 14 (arrêt Bercy ou Cour Saint-Emilion)