La fin du gaz annoncée pour les logements neufs

La Ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, au côté de la Ministre chargée du logement Emmanuelle Wargon, a présenté mardi 24 novembre les grandes lignes de la réglementation environnementale qui entrera en vigueur dès l’été 2021. Il s’agit d’encadrer les nouvelles constructions avec la prise en compte inédite de l’empreinte carbone du bâtiment tout au long du cycle de vie : de la construction à la démolition. Mais la stratégie nationale compte aussi sur la décarbonation de la consommation avec le retrait progressif des énergies fossiles. Quel avenir pour le chauffage au gaz dans le neuf ? Si le recours aux énergies renouvelables est déjà répandu en maison individuelle, la transition s’avère moins évidente en habitat collectif. Le point sur la mise en place des nouvelles mesures et les alternatives à considérer.

Une transition éclair en maison individuelle…

La RE2020 fixe un seuil maximal d’émissions annuelles de gaz à effet de serre (GES) à 4 kg de CO2 par mètre carré en maison individuelle. Concrètement, cet objectif devrait diviser par 10 les émissions de GES moyennes observées sur ce type d’habitation. Une maison chauffée au gaz émet environ 5 tonnes de CO2 par an. Dans une construction répondant aux nouvelles normes, ces émissions pourraient chuter à 0,5 tonnes par an, sans pour autant affecter le confort des occupants. Un gain illustré par le Ministère de la Transition écologique avec un équivalent en kilomètres parcourus : « en voiture c’est 40 000 kms dans un cas, et 4 000 kms dans l’autre ».

 

Ces objectifs ne sauraient reposer sur le seul critère du chauffage. Il s’agit de généraliser des habitations plus performantes et moins polluantes à tous les niveaux : matériaux de construction, exposition des façades, vitrage, ventilation… Néanmoins, la sévérité de ce seuil exclut, de fait, les systèmes reposant uniquement sur le gaz comme énergie de chauffage. Et, ce, dès l’entrée en vigueur de la RE2020, à l’été 2021.

 

… et plus progressive pour les bâtiments collectifs

Contrairement aux maisons individuelles, les nouvelles constructions de logements collectifs reposent encore massivement sur le chauffage au gaz : environ 75 %. Afin de laisser le temps aux acteurs impliqués de monter en compétence et d’adapter leurs activités, c’est une réglementation progressive qui sera appliquée entre 2021 et 2024. Le premier seuil de 14 kg de CO2 par m² autorise les installations de chauffage au gaz à condition que le bâtiment soit, par ailleurs, suffisamment performant. Le tournant décisif se jouera à l’horizon 2024 avec un seuil cette fois-ci rabaissé à 6 kg de CO2 par m² par an. Dès lors, le recours au gaz ne sera possible que dans le cadre d’installations hybrides.

Sur quels modes de chauffage faudra-t-il compter à l’avenir ?

Si à l’avenir le gaz ne pourra plus constituer l’unique source d’énergie de chauffage des ménages français, il pourra néanmoins être utilisé en appoint, dans la mesure où l’efficacité de la construction garantit le respect des seuils imposés. Par exemple, les pompes à chaleur sont capables de restituer les calories dans l’habitat même sous des températures négatives. Toutefois, les hivers les plus rigoureux risquent de mettre le système à rude épreuve. Le chauffage d’appoint au gaz prend alors le relais le temps de la vague de froid. Un allié fossile à utiliser avec parcimonie en complément d’un chauffage principal utilisant une source d’énergie renouvelable.

 

Le « tout renouvelable » est bien évidemment l’objectif visé, avec plusieurs solutions écologiques à considérer :

 

  • La biomasse avec une chaudière bois en format bûches ou granulés selon les préférences et les possibilités offertes par le logement. Les bûches sont moins chères à l’achat, mais il faut pouvoir les stocker à l’abri de l’humidité. Les sacs de granulés, plus cher, offrent une meilleure efficacité et des conditions de stockage simplifiées.
  • Les échanges thermiques avec la pompe à chaleur et notamment les systèmes air-eau et géothermiques les plus performants. Si, selon les terrains, le recours à la géothermie n’est pas toujours possible, la PAC air-eau s’insère aisément à un projet de construction ou de rénovation.
  • L’énergie solaire avec, par exemple, un système solaire combiné (SSC) assurant à la fois le chauffage et la production d’eau chaude sanitaire.

En rénovation, toutes ces installations bénéficient d’importants soutiens financiers : MaPrimeRénov’, Prime Effy, Eco-prêt à taux zéro… Retrouvez les aides disponibles en fonction du projet de travaux envisagé avec l’outil de calcul en ligne gratuit de QuelleEnergie.fr.

 

Selon les estimations communiquées par le Ministère, ¼ des bâtiments du parc résidentiel français de 2050 restent à construire. C’est l’opportunité d’assurer la réalisation d’habitats plus résilients face aux changements climatiques, avec une consommation maîtrisée aussi bien en période de canicule que lors des vagues de froid.