Tout savoir sur la Ventilation Mécanique Répartie (VMR)
L’aération des logements est un enjeu sanitaire majeur pour les personnes qui y vivent comme pour les bâtiments eux-mêmes. En rénovation pourtant, ce chapitre passe régulièrement à l’oubli, ou au second rang des réflexions d’amélioration, car l’aération des logements existants par les méthodes courantes est en effet délicate. La ventilation mécanique répartie ou VMR, méconnue, résout grandement les difficultés en assurant un renouvellement d’air adéquat tout en limitant la dépense énergétique.
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L’enjeu de la ventilation est en général assez mal connu. Loin d’un luxe optionnel, l’aération suffisante des logements est une nécessité et une obligation inscrite dans les textes pour répondre à trois objectifs. Il s’agit de permettre aux appareils à combustion (poêles à bois, chaudières et cuisinières à gaz…) de fonctionner en toute sécurité, de prémunir les bâtiments des dommages structurels induits par l’excès d’humidité (condensation, moisissures, champignons…) et de protéger leurs habitants des méfaits de la pollution de l’air intérieur (poussières, pollens, formaldéhyde et autres composés organiques volatiles) qui engendrent à terme le développement d’allergies et de pathologies aussi diverses que préoccupantes.
Des mauvaises pratiques en rénovation…
Bien intégrée aux bâtiments neufs dès leur conception, avec la généralisation des ventilations mécaniques contrôlées (VMC) depuis les années 1980, la ventilation est en revanche trop souvent rejetée dans les limbes de la réhabilitation thermique, s’agissant de logements existants. Dans l’habitat traditionnel, les nombreuses infiltrations d’air en assuraient un renouvellement convenable. Tout se complique avec la volonté de réduire les pertes d’énergie des bâtiments anciens : si la priorité est de calfeutrer son logement pour en limiter les déperditions énergétiques, n’est-il pas contradictoire d’en crever ensuite l’enveloppe pour le ventiler ?
De fait, la qualité de l’air est nettement plus difficile à percevoir qu’une variation de température ou de niveau sonore, par exemple. Mais à ne raisonner que sur la facture énergétique et le confort thermique plus directement palpables, l’isolation sans dispositions de ventilation spécifiques mène droit au confinement de l’air intérieur et son cortège de misères évoqué plus haut. Rappelons que les deux démarches devraient toujours s’envisager conjointement.
Il est vrai également qu’en rénovation, l’installation d’une VMC est souvent problématique, faute de place disponible et en raison de configurations intérieures se prêtant mal au passage de conduits d’air volumineux, l’affaire se corsant d’un cran supplémentaire en appartement et en situation de location.
Comment, dès lors, accorder une aération suffisante à l’objectif de limitation de la consommation énergétique ? La clé d’une bonne ventilation réside dans la maîtrise des débits d’air : aérer sans excès en fonction des besoins, en hiver et de jour lors des chaleurs estivales, et surventiler de nuit en été pour bénéficier de la fraîcheur nocturne. Cerise sur le gâteau, des systèmes ingénieux permettent de recycler en grande partie les calories et frigories autrement perdues. Voyons comment la VMR traduit ces possibilités.
… à l’éventail des possibles
On désigne par ventilation mécanique répartie (VMR) les équipements de ventilation mécanique assurant le renouvellement de l’air pièce par pièce ou pour des zones particulières du logement, sans connexion entre eux, ce qui les distingue des VMC, mieux connues, dans lesquelles un groupe de ventilation unique est relié à un ensemble de bouches d’extraction ou d’aération par un réseau de conduits d’aération. En pratique, il s’agit de petites unités d’extraction ou d’insufflation d’air installées pour une ou deux pièces contiguës, et non connectées entre elles.
Une VMR est souvent la meilleure solution en rénovation, car elle se passe de conduits d’air et de chantiers compliqués : le percement d’un mur extérieur est souvent bien plus simple. Parcourons-en les principaux types.
Première approche : des blocs d’extraction installés dans les pièces humides (cuisine, salle d’eau, toilettes). Il existe des aérateurs spécifiques à ces pièces, des ventilateurs d’extraction les plus simples aux systèmes hygroréglables avec récupération de chaleur (voir plus loin). Dans le cas général de l’extraction, le logement est mis en dépression ; l’air frais pénètre dans le logement depuis les bouches d’aération des pièces principales (séjour, chambres) et depuis l’ensemble des défauts d’étanchéité du bâtiment (infiltrations autour des menuiseries, prises, trappes, au pire conduits de fumées).
L’inconvénient de cette approche, commune avec les VMC simple-flux courantes, est qu’il n’y a généralement pas moyen de contrôler la température ni la qualité de l’air entrant. Notons cependant qu’avec le développement de la fenêtre Climawin et d’autres variantes pariétodynamiques (échanges thermiques à travers les parois), des améliorations intéressantes sont en perpective sur le plan énergétique.
Deuxième approche : des unités d’insufflation injectent de l’air frais dans les pièces humides et créent une surpression. L’air vicié est évacué par les bouches d’aération des pièces principales.
Cette approche rejoint la pratique de ventilation mécanique par insufflation ou VMI, encore peu usuelle en France, qui est avantageuse à plusieurs titres : possibilité de filtrer l’air entrant des poussières et autres pollens, de le préchauffer en hiver en reliant l’arrivée d’air à un puits canadien ou un autre espace tampon, de surventiler en été, et surtout de maîtriser les points de renouvellement d’air.
Troisième approche : un système assure à lui seul le renouvellement d’air et combine donc l’extraction de l’air vicié et l’insufflation d’air neuf. Il peut être doté d’un échangeur semblable à celui des VMC double-flux qui récupère la chaleur ou la fraîcheur (en été) de l’air sortant en la transférant à l’air entrant, ce qui peut réduire de 60 à 90% l’énergie autrement perdue.
Il s’agit donc d’échangeurs double-flux localisés, particulièrement intéressants pour les appartements dans lesquels l’installation d’un réseau d’air est compromise. Voir par exemple la « VMC double flux mono-pièce » du fabricant Sauter.
Mentionnons encore une dernière approche astucieuse avec les VMR « Inventer » ou « Inventair » de l’entreprise allemande Öko-Haustechnik Inventer.
Les groupes Inventer sont dotés d’une cartouche en céramique équivalente à un condensateur de chaleur. Montés toujours par paires, ils fonctionnent en oscillation sur une période de 70 secondes : pendant qu’un groupe extrait, l’autre insuffle, puis le flux s’inverse alternativement, ce qui permet de récupérer la chaleur stockée dans les cartouches avec un rendement de 70% à 90% (données constructeur).
La ventilation mécanique répartie est donc souvent une solution commode pour les logements existants, en raison de la facilitation des travaux de mise en oeuvre, voire du coût inférieur de ce type d’installation. L’investissement est de l’ordre de 2000 € pour un logement moyen. La consommation électrique est en revanche réduite, avec quelques watts seulement par groupe, grâce à des ventilateurs très économiques, et les coûts de fonctionnement très faibles à l’année.
Plusieurs fabricants ont équipés leurs modèles de capacités de modulation en fonction du niveau d’humidité des pièces, qui réduisent les déperditions de chaleur, et de possibilités de surventilation nocturnes pour améliorer le confort estival. L’inconvénient principal de la VMR réside dans la présence d’appareils un peu encombrants ou inesthétiques dans les pièces équipées, et des désagréments sonores éventuellement occasionnés par la proximité des équipements : il convient de s’informer sur les caractéristiques acoustiques des différents modèles.
Reste à en assurer l’entretien, qui se résume à un nettoyage régulier des filtres et des bouches, pour en pérenniser le fonctionnement. Un poste souvent négligé pour l’ensemble des systèmes de ventilation, que ce soit dans les logements individuels ou collectifs. Ne voit-on pas régulièrement obstruées les bouches d’aération naturelle des années 1970 ?
Crédit photo : Norellagg