Que devient le plastique dans les océans ?
On compte aujourd’hui 50 milliards de morceaux de plastique à la surface des océans. La moitié de ces morceaux forment les continents de plastique dont vous avez déjà très certainement entendu parler. Ces 5 îles gigantesques éparpillées sur la surface du globe sont uniquement constituées de déchets. Bouteilles, sacs, bouchons ou bidons forment des amas pouvant atteindre 2 fois la taille de la France. Et pourtant, cela ne représente même pas 1 % de toute la quantité de plastique présente dans les océans. Mais où est passé tout le reste ?
La partie émergée de l’iceberg
En 1950, la production de plastique était de 1.500.000 tonnes par an. En 2015, cette production est passée à 300.000.000 tonnes. Parmi ces quantités astronomiques, 236.000 tonnes sont retrouvées dans les océans…
Ce constat semble alarmant, mais la réalité est bien pire. En effet, ces 236.000 tonnes ne correspondent qu’à 1% des quantités réellement présentes dans les océans.
On pourrait penser que ce n’est pas grave, que puisque le plastique a disparu, il n’y a pas de problème. Mais si on ne sait pas où il est, on ne sait pas ce qu’il fait, on ne connait pas son impact sur l’environnement.
Jenna Jambeck, ingénieure spécialisée dans la gestion des déchets, a observé pendant 5 ans les zones côtières de 192 pays sur un périmètre de 50 km dans lequel les déchets plastiques pouvaient se retrouver dans l’océan par le biais des rivières ou à l’aide du vent. Elle a pu estimer à partir de cette étude le pourcentage de plastiques mal gérés.
Ainsi en 2010, parmi les 275 millions de tonnes de plastique produites, 32 millions furent mal gérées, soit tout le plastique qui ne fut ni enfoui, ni brûlé, ni recyclé. Et inévitablement, c’est plus de 8 millions de tonnes qui ont terminé dans les océans.
D’après l’ingénieure, 10 fois plus de plastique pénétrera nos océans si nous ne faisons rien.
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Un problème de « taille »
La moitié du plastique présent en surface s’accumule dans les gyres, énormes tourbillons d’eau océanique formés par des courants marins. Ces 5 grandes zones furent longtemps considérées comme des terminaux où les morceaux de plastique finissent leur route lorsqu’ils sont dans les océans.
Ces zones sont en fait poreuses : le plastique peut entrer dans une, puis partir vers une autre. En effet, les gyres sont tous connectés : on observe entre eux un flux permanent de déchets plastiques. Le plastique de n’importe qui peut donc terminer n’importe où.
Il faut en moyenne 10 ans à un morceau de plastique pour atteindre son premier gyre, années pendant lesquelles il va commencer à se dégrader. La majorité des morceaux va atteindre une taille de moins de 5 millimètres.
Ce sont ces « micro-plastiques » qui sont la vraie source du problème car leur capacité à pénétrer l’environnement semble infinie.
On a découvert qu’il y avait une très forte concentration de ces micro-plastiques au large des banquises. Ainsi la fonte des glaces pourrait libérer jusqu’à 1000 milliards de particules de plastique dans les eaux pendant les 10 prochaines années.
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L’impact sur l’environnement
En 2015 on a recensé 560 espèces qui ont ingurgité ou ont été prises dans du plastique. Ce chiffre a doublé en 20 ans. Cela perturbe complètement la chaîne alimentaire, la grande majorité des organismes est donc atteinte par cette pollution.
Comme le dit avec humour l’océanographe Gaby Gorski : « Il ne sert à rien de jeter les sacs plastiques, assaisonnez les puis mangez les. Ils finiront de toutes manières par revenir dans votre assiette, sous une forme ou sous une autre ».
Vous l’aurez compris, le micro-plastique est considéré comme une partie intégrante de l’écosystème marin, comme un nouvel élément qui passe d’un niveau à l’autre de la chaîne alimentaire.
Une étude a d’ailleurs récemment prouvé que l’on retrouvait du plastique dans l’estomac de 25 % des poissons achetés dans le commerce.
Cependant pas trop d’inquiétude, les risques toxicologiques sont, pour l’Homme, mineurs.
Sur 40 % d’échantillons de plastique récoltés par des scientifiques, des colonies d’algues et de crustacés furent retrouvées. Le micro-plastique est donc un véritable écosystème autosuffisant, qui comporte de nombreuses bactéries. 25 % de la couverture microbienne du plastique est notamment recouverte de vibrions, bactérie parfois porteuse du choléra…
Ces vibrions utilisent le micro-plastique pour se déplacer et transmettre une charge pathogène aux poissons. Certaines de ces bactéries auraient tout de même la capacité d’accélérer le processus de dégradation du plastique.
Désormais partie intégrante de nos océans, de la même manière que les algues, le plastique a pénétré la chaine alimentaire et s’est fragmenté en morceaux tellement petits qu’ils sont impossibles à retrouver. Les scientifiques essayent encore de mesurer l’impact qu’il a sur l’environnement et de retrouver sa trace. De notre côté, il serait judicieux de commencer à utiliser cette matière de manière intelligente et responsable.
En attendant si vous voulez en savoir plus on vous conseille l’excellent reportage d’Arte « Océans, Le Mystère Plastique »