Quelle isolation des murs pour être conforme à la RT 2012 ?
La RT 2012 est un vaste laminoir aux idées reçues et aux habitudes bien ancrées dans le domaine du bâtiment. Applicable depuis le 1er janvier 2013 aux constructions neuves et aux parties neuves de bâtiments en réhabilitation, ce dispositif s’inscrit en rupture franche des réglementations thermiques antérieures qui, depuis 1974, avaient habitué les professions concernées à une évolution graduelle et modérée des pratiques. Si, par exemple, le niveau de performance énergétique moyen des bâtiments avait doublé en trente ans, il va devoir tripler en l’espace de 5 ans à peine, entre la RT 2005 et l’actuelle.
Du coup, cette nouvelle réglementation impacte le regard-même porté sur un bâtiment. Cette semaine, Quelle Energie vous propose de porter ce regard sur l’isolation des murs. Quels changements va entraîner la RT 2012 sur les pratiques ? A quoi devra ressembler l’enveloppe d’un bâtiment pour être conforme à la nouvelle réglementation ?
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Performance globale du bâtiment
Avant de s’attacher aux murs ou à l’une ou l’autre des composantes, la RT 2012 réglemente l’efficacité énergétique d’un bâtiment dans son ensemble. Elle impose ainsi des seuils de performance sous la forme de trois exigences de résultat : conception bioclimatique, qualité du confort d’été et faible consommation d’énergie primaire.
L’architecture bioclimatique recommande par exemple de maximiser les apports solaires d’hiver, ce qui revient à privilégier les ouvertures en face sud, et de recourir au maximum à l’éclairage naturel, ce qui conditionne la surface globale des fenêtres. Pour réduire les surchauffes estivales, il s’agira en revanche de limiter l’exposition solaire en été et de renforcer l’inertie thermique du bâtiment. Ces deux facteurs vont donc imposer des contraintes fortes en termes de choix d’orientation et de composition des façades.
Au-delà de ces aspects géométriques, le troisième terme de l’équation, à savoir le plafond de consommation en énergie primaire, va pour sa part imposer une relecture de la notion même d’isolation du mur. Il ne suffira plus d’augmenter l’épaisseur de l’isolant pour correspondre à un degré d’exigence accru, comme dans les réglementations thermiques précédentes, mais il faudra en outre améliorer l’étanchéité à l’air du bâtiment et limiter drastiquement ses ponts thermiques. Détaillons ces trois points.
Résistance thermique
La RT 2012 plafonne la consommation énergétique primaire d’un bâtiment à 50 kWh/m² par an, tout en modulant cet indicateur selon la zone climatique, l’altitude et la surface du bâtiment. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de limiter fortement les déperditions thermiques des façades en hiver et les surchauffes en été. Les préconisations de l’association Effinergie pour les bâtiments à basse consommation permettent de fixer un peu les idées. Effinergie recommande pour les murs donnant sur l’extérieur une résistance thermique de 3,2 à 5,5 m².°C/W du midi au nord de la France. Ceci correspond à une surépaisseur de 5 cm d’isolant dans le midi et 15 cm dans le nord si l’on prend le cas d’un mur en béton standard (R=0,5).
La RT 2012 n’oriente pas le choix du système isolant : tous les matériaux isolants usuels sont recevables, de même que les structures à isolation réparties (bétons cellulaires et briques terre cuite de forte épaisseur). Ce qui compte est la résistance thermique globale du mur, qui est la somme de la résistance du mur lui-même et de la résistance de l’isolant, et sa capacité à déphaser les ondes de chaleur estivales. Si le mur est un peu faible sur le plan thermique, il faudra renforcer une autre composante du bâtiment, l’essentiel étant de ne pas dépasser le plafond de consommation global.
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Réduction des ponts thermiques
Dans un bâtiment « bien isolé » au sens traditionnel, les ponts thermiques peuvent représenter jusqu’à 40% de la consommation en chauffage. Il s’agit de tous les défauts locaux du complexe isolant, l’idéal étant qu’il soit continu tout autour de l’espace habité. Ces discontinuités sont sensibles au niveau des menuiseries et de tous les raccords entre planchers, plafonds, balcons et murs extérieurs.
La RT 2012 impose un maximum à ne pas dépasser aux ponts thermiques entre planchers et murs extérieurs, mais également une limite à la somme de l’ensemble des ponts thermiques d’un bâtiment. Toutes sortes de détails d’un système constructif peuvent constituer un pont thermique et le discréditer, mais en pratique cette mesure va surtout mener à une généralisation de l’isolation par l’extérieur, qui reste la meilleure façon d’éliminer la majorité des ponts thermiques.
Etanchéité à l’air
Nouveauté également : la prise en compte des infiltrations d’air dans les bâtiments, qui peuvent représenter des surconsommations de chauffage atteignant 50%, en particulier dans les régions exposées à des régimes de vents fréquents. L’étanchéité à l’air est mesurée sur le bâtiment achevé par le test du « blower door » : le bâtiment est mis en dépression, ce qui permet de déterminer sa perméabilité à l’air extérieur. Au besoin, l’injection de fumées permet de localiser les zones de fuite et d’y remédier.
La RT 2012 limite la perméabilité à l’air globale des maisons individuelles à 0,6 m3 par heure et par unité de surface habitable, celle des logements collectifs à 1 m3/h.m². Cette exigence, comme celle portant sur les ponts thermiques, nécessite la prise en compte et le soin de tous les détails de l’enveloppe, comme on peut le voir sur la photo en début d’article : jointoiement des raccords entre films d’étanchéité, liaisons avec les cadres des menuiseries, calfeutrage méticuleux de tous les percements de l’enveloppe (gaines électriques, trappes de visite etc.).
Savez-vous que les pertes de chaleur représentent jusqu’à 50 % de l’énergie que vous consommez lorsque votre logement n’est pas isolé ? Autant dire que pour avoir une maison ou un appartement économe en énergie, c’est avant tout à une isolation performante qu’il faudra penser.
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Au final, la réglementation thermique 2012 va nécessiter un saut en qualité et un degré de finition inusité, autant au niveau de la conception du bâtiment que dans les différentes phases de mise en œuvre, ce qui va impacter tous les corps de métier concernés et nécessiter une mutation en profondeur des pratiques ainsi qu’une bien meilleure concertation entre les différents acteurs d’un projet de construction. Réunir les moyens requis par le nouveau défi climatique, tel est le prix à payer pour franchir le mur de l’efficacité.