Le béton-coquillage, nouveau matériau écolo
Développé à partir de 2011 à Caen dans l’école d’ingénieurs ESTIC Caen, le béton-coquillage est annoncé comme un matériau écologique qui remplace une partie des granulats par des éclats de coquillages. Ce béton permet la fabrication de pavés absorbants et permet l’évacuation des eaux pluviales. Mais ce n’est pas tout.
Un éco-pavé absorbant
Très performant, ce matériau absorbe 2 litres par m2 et par seconde, soit 120 litres par minute ! Il se présente comme une solution très efficace pour lutter contre l’artificialisation des sols et éviter toute complication due aux excès de pluies.
Mais le principal enjeu d’un tel matériau est ailleurs. La France se positionne comme le 1er producteur européen de coquilles Saint-Jacques et de pétoncles. Les activités de pêche et de conchyliculture dégagent une production annuelle de 250.000 tonnes de coquillages.
L’usage de cette ressource naturelle comme matériau permet donc de lutter contre l’excès de déchets.
Protéger le littoral
La production de coquillages n’est pas seulement un problème en matière de traitement des déchets, mais aussi une véritable menace pour le littoral. En effet, la production de coquilles Saint-Jacques, d’huîtres et de moules provoque la prolifération d’une espèce invasive qui s’attaque aux coquillages traditionnels : les crépidules. Ce parasite déloge et mange la nourriture des huîtres, coquilles Saint-Jacques et moules.
Or la coquille du crépidule est idéale pour la fabrication des éco-pavés : « les crépidules sont avantageuses. C’est une espèce invasive, récupérée lors des opérations de dragage. Et la coquille est super-résistante et de forme plus intéressante que celle des pétoncles », explique l’ingénieur Hector Cuadrado, responsable du choix des matériaux pour le béton-coquillage.
Ainsi, l’utilisation de ces coquilles pour la fabrication de pavés possède des avantages tant au niveau de la gestion des déchets que dans la protection des fonds marins.
Une fabrication responsable…
Le principe de fabrication est simple. Les coquilles, vides, sont concassées et incorporées au béton. Plus leur forme est irrégulière et aplatie, plus le matériau est poreux. Elles remplacent ainsi 30 à 50% du granulat. L’extraction de ce dernier est caractérisée par un procédé lourd en dépenses énergétiques et en ressources. La fabrication de béton coquillage participe donc aussi aux économies d’énergie.
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… et qui lutte contre la bétonisation
La bétonisation participe à l’imperméabilisation des villes avec 2 effets nocifs en conséquence.
- L’effet entonnoir : Les excès d’eaux pluviales sont déversés dans les stations d’épuration. Si celles-ci arrivent à saturation, les eaux (usées) sont répandues dans les rivières.
- L’effet parapluie : Le béton empêche l’eau de suivre son cycle naturel, le remplissage de la nappe phréatique en est perturbé.
Cet éco-pavé absorbant, dont le prix est d’environ 30 € le m2, est un peu plus cher qu’un pavé classique. Il offre cependant une certaine sécurité quant au débordement des égouts et empêche les inondations potentielles.
Perspectives futures
L’équipe d’ingénieurs responsable de la fabrication de ce béton-coquillage entend même pousser l’économie circulaire à son maximum. En effet, elle entend créer des récifs artificiels à l’aide de son précieux matériau qui, une fois immergé, accueille rapidement toutes sortes d’espèces animales ou végétales. L’équipe a même prévu de créer, à l’aide d’une imprimante 3D, des formes plus complexes de béton-coquillage, plus propices à la colonisation d’une multitude d’espèces.